Une histoire d'Agonie, pour les amateurs de récits sanguinolents, et les autres aussi!






Il était une fois…. J’écrivais, j’écrivais, je n’arrêtais pas d’écrire, le jour, la nuit, ça n’arrêtait pas, pendant cinq ans, c’est fou ce que j’écrivais. Et pourquoi ? Pour accoucher d’un chef d’œuvre bien sûr : Grimod de la Reynière, Itinéraires d'un homme libre410 pages à lire en tranches fines d’une dizaine de pages en moyenne. Au cours de mes recherches, j’étais tombé sur un opuscule d’une quarantaine de pages, écrit par un des amis d’Alexandre Grimod de La Reynière : François Journiac de Saint-Méard. Journiac fut l’une des premières victimes de ce qu’on appelle les journées de Septembre 1792. Ce livret m'a véritablement captivé. Qu'y raconte-t-il ?


En deux mots : à la suite des émeutes de 10 août 1792, la monarchie est suspendue, la commune de Paris s’insurge en Commune insurrectionnelle, et l’Assemblée législative crée une Convention constitutionnelle pour mettre un peu d'ordre dans la folie ambianteCette dernière commence, mais mollement, ses travaux pour établir une Cour Martiale, aux fins de juger les Gardes suisses qui s’étaient opposés au Peuple de Paris le 10 Août. A la Commune, on s’énerve. Les travaux de la Convention constitutionnelle sont trop lents et manquent d’ambition! Robespierre, qui passait par là, débloque la situation en prononçant un discours hallucinant. Ce n’est pas seulement les Gardes qu’il faut juger, mais tous ceux qui se sont opposés au Peuple le 10 août. Qu’ils aient été présents ou non le 10 août (Les plus coupables des conspirateurs n’ont point paru dans la journée du 10… Ces hommes qui se sont couverts du masque du patriotisme (…) échapperaient donc à la vengeance nationale !  Et sans présomption d’innocence ! En premier et dernier ressort ! Et sans magistrat ! (Nous vous prions de nous débarrasser des autorités constituées en qui nous n’avons point de confiance, d’effacer ce double degré de juridiction qui, en établissant des lenteurs, assure l’impunité ; nous demandons que les coupables soient jugés par des commissaires pris dans chaque section, souverainement et en dernier ressort). Dans la précipitation due au climat délétère, la Convention accouche le 17 août d’un Tribunal tellement unique en son genre qu’il s’appellera le Tribunal du 17 août, une sorte d’horreur juridique qui n’aurait pas résisté une nano-seconde aux crash-tests de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. 


Qu’importe, ce Tribunal sévît peu, car totalement débordé par les Tribunaux sans présomption d’innocence, en premier et dernier ressort et sans magistrat, appelés de ses vœux par Robespierre : les Tribunaux du Peuple souverain créés spontanément par les pires coupe-jarrets de la capitale dans toutes les prisons (de Paris mais aussi dans les Provinces).

 

Jourgniac fut accusé, non sans raisons, d’écrits contre-révolutionnaires et de conspiration avec les émigrés. Il fut incarcéré fissa à la Prison de l’Abbaye (ainsi nommée parce que jouxtant l’Abbaye de Saint-Germain des prés).

 

Cette expérience, il la raconte dans cet opuscule, Mon agonie de trente-huit heures. Que s’est-il passé pendant son internement, comment fut-il finalement acquitté : tout cela est conté avec une plume d’une vivacité ébourrifante. On s’y croit, on croit entendre les bruits et les rumeurs de ce lieu effrayant, on croit voir le sang gicler de partout, le bruit des corps déchiquetés s'affaisser deux étages plus bas au milieu d'une foule en liesse; on vibre au récit d’un tel qui se suicide, ou tel autre qui se loupe, quelques autres qui se font hacher menu par la foule; on s'émeut quand Elisabeth Cazotte exige de se faire emprisonner pour soutenir le moral de son vieux père (oui, Jacques Cazotte, l'auteur du Diable amoureux). 

 

Mais quoi, cette Agonie trotta dans ma tête, tout au long de mes accouchements suivants, du Dictionnaire Gourmand et Animalier d'Alexandre Grimod de La Reynière, du Journal intime de 1794 : La vie d'un bourgeois parisien sous la Terreur et les mois qui suivirent., de La femme sans prénom et de Chocolats!, (toutes lectures hautement conseillées), c’est dire si le petit trot a duré longtemps. Je fis donc des recherches complémentaires, et ce que découvris est absolument stupéfiant ! Bien sûr je ne vous dévoilerai pas ici ces découvertes, ce serait vous priver du plaisir de lire Mon agonie de 38 heures: et autres témoignages sur les journées de septembre 1792 (car oui, en plus de l'Agonie, vous pourrez lire d'autres témoignages, aussi bien du côté des victimes que de celui des bourreaux.)

 

En plus, vous apprendrez beaucoup de choses sur ces fameux massacres de septembre 1792, au sujet desquels les historiens se disputent encore aujourd'hui pour savoir s'ils furent plus barbares, si c'est possible, que ceux de la Saint Barthélemy. 

 

Et ce qui s’est passé en septembre 1792 n’est pas sans échos avec l’histoire du XXème siècle (le nazisme et autres folies sanguinaires un peu partout dans le monde) ou l’actualité qui se déroule sous nos yeux, avec nos prétoires débordés par les jugements populaires amplifiés par les réseaux sociaux, les conspirations étrangères, les Fake news, des gouvernants débordés par les événements, des coupe-jarrets investis d'une mission supérieure qui zigouillent à tout va, et autres joyeusetés du genre !


Ne vous privez pas de ce plaisir, celui d'apprendre en se divertissant: lisez  Mon agonie de 38 heures: et autres témoignages sur les journées de septembre 1792



 

 

 

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